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Tourraque de Merlieu

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Tourraque de Merlieu
Présentation
Destination initiale
Monument funéraire
Destination actuelle
Ruine
Période
Propriétaire
Personne privée
Localisation
Localisation
Altitude
159 m
Coordonnées
Carte

La tourraque (ou turraque) de Merlieu (ou Merliou) est une tour gallo-romaine en pierre, aussi appelée pile, située sur la commune de Saint-Arailles, dans le département français du Gers.

Ce monument funéraire de type mausolée-tour, ne mesurant plus au XXIe siècle qu'un peu plus de 4 m de haut, est certainement, au moment de sa construction sous le Haut-Empire romain, un édifice imposant auquel les restitutions qui en sont faites accordent une hauteur certainement supérieure à 10 m.

Localisation[modifier | modifier le code]

La pile, monument funéraire gallo-romain, est située au fond d'un vallon sec perpendiculaire à la rive droite de la vallée de l'Osse, à environ 500 m au sud du bourg de Saint-Arailles[1][2].

Aucune voie antique n'est connue à proximité[3] et le plus proche établissement datant de cette époque semble être une villa identifiée à Montesquiou, commune limitrophe de Saint-Arailles et se situant à près de 4 km de la pile en remontant la vallée de l'Osse[4].

Historique et études archéologiques[modifier | modifier le code]

Sur la base des informations archéologiques, aucune datation n'est proposée pour ce monument[5] qui n'est mentionné ni sur la carte de Cassini, ni sur la carte d'état-major. Il est cependant généralement admis désormais que les piles funéraires antique, dont la tourraque de Merlieu, sont construites sous le Haut-Empire romain[6].

Jusqu'au milieu du XIXe siècle, la pile est encore développée sur une hauteur assez importante. Sous le Second Empire, vers 1858 sans doute[7], toute sa partie supérieure est démolie[1]. Ne figurant pas dans l'inventaire publié en 1898 par Philippe Lauzun, la tourraque de Merlieu semble décrite pour la première fois quatre ans plus tard[8].

En 1966, le Bureau d'archéologie antique du Sud-Ouest réalise quelques sondages superficiels et procède au relevé du monument[9] dont il propose une restitution[10]. Le monument est décrit en 1992 dans la Carte archéologique de la Gaule - Le Gers (32) (Jacques Lapart et Pascale Petit)[11]. D'autres investigations partielles sont menées en 1993[2].

Le point sur les connaissances concernant ce monument est effectué par Pascale Clauss-Balty dans son ouvrage Les Piles funéraires gallo-romaines du sud-ouest de la France publié en 2016[12].

Description[modifier | modifier le code]

Au XXIe siècle, seuls subsistent de la pile, au-dessus d'un massif de fondations mesurant 4,04 × 3,86 m pour une profondeur de 1,22 m, le soubassement (3,96 × 3,80 × 1,48 m) et l'amorce d'un podium large de 3,18 m ; le monument mesure 4,32 m au total[2]. Les plus anciennes publications évoquent une niche, non décrite, orientée à l'est[3],[N 1] mais aucune certitude n'existe et une niche tournée vers le sud est aussi possible[5] : compte tenu de la topographie du site, l'orientation vers l'est n'est en effet pas celle qui assure à cette niche, pourtant un élément primordial de la pile, la meilleure visibilité[13].

La pile étant établie sur un plan sensiblement carré, une couverture en pyramide est envisageable[14]. Il est difficile de restituer la hauteur de la tourraque de Merlieu à l'origine, mais il semble que le monument ait été de grandes dimensions[15], notamment en raison de la grande profondeur de son massif de fondations[16], et qu'il ait pu dépasser 10 m de haut[17].

À la base des angles du podium, des échancrures d'abord interprétées comme des supports de statues[7] s'avèrent en réalité être des socles de pilastres supportant des chapiteaux qui sont sculptés dans les pierres composant le parement. L'un de ces chapiteaux, d'ordre corinthien, a été retrouvé sur le site puis perdu à l'occasion des sondages de 1966[5]. En raison de ses grandes dimensions supposées, il est possible que la pile ait bénéficié d'un décor complexe associant des pilastres d'angle à ceux qui ornaient la niche et à des entablements et des corniches[18].

La pile est construite en blocage recouvert d'un parement en petit appareil de moellons dont les joints très réguliers sont tirés au fer[5],[19].

Alors que Sillières et Soukiassain indiquent que la pile est accompagnée d'un enclos[20], aucune trace d'enclos funéraire n'est identifiée aux abords de la pile qui semblent également vierges de tout mobilier archéologique pour Pascale Clauss-Balty. Cette absence n'est pas toutefois significative : les vestiges ont pu disparaître en raison du renouvellement actif des colluvions de pente sur le site[5].

Fonction[modifier | modifier le code]

Dans la communication qu'il lui consacre à la Société archéologique du Gers en 1902, Jean de Mastron écarte l'hypothèse d'un phare, d'une borne territoriale ou d'une montjoie pour privilégier celle d'un monument commémorant un succès militaire (trophée)[7].

La forme de la tourraque, analogue à d'autres monuments funéraires gallo-romains destinés à perpétuer, si possible en le magnifiant, le souvenir de leurs destinataires, fait d'elle un mausolée-tour[6]. Au sein d'un groupe assez homogène de piles gersoises situées à l'ouest d'Auch, la tourraque de Merlieu se différencie par son plan carré alors que les autres ont un plan barlong[21].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Cette niche aurait accueilli une statue de la Vierge[3].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Lapart et Petit 1993, p. 418.
  2. a b et c Clauss-Balty 2016, p. 37.
  3. a b et c de Mastron 1902, p. 128.
  4. Lapart et Petit 1993, p. 258.
  5. a b c d et e Clauss-Balty 2016, p. 38.
  6. a et b Lapart et Petit 1993, p. 47.
  7. a b et c de Mastron 1902, p. 129.
  8. de Mastron 1902, p. 126.
  9. Labrousse 1968, p. 545.
  10. Labrousse 1968, p. 540.
  11. Lapart et Petit 1993, p. 318.
  12. Clauss-Balty 2016, p. 37-39.
  13. Clauss-Balty 2016, p. 197.
  14. Clauss-Balty 2016, p. 186-188.
  15. Clauss-Balty 2016, p. 184.
  16. Clauss-Balty 2016, p. 189.
  17. Clauss-Balty 2016, p. 39.
  18. Clauss-Balty 2016, p. 195.
  19. de Mastron 1902, p. 127.
  20. Sillières et Soukiassian 1993, p. 304.
  21. Clauss-Balty 2016, p. 198.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Pascale Clauss-Balty (dir.), Les piles funéraires gallo-romaines du Sud-Ouest de la France, Pau, Presses Universitaires de Pau et des Pays de l'Adour, coll. « Archaia », , 231 p. (ISBN 978-2-3531-1063-6). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Jacques Lapart et Catherine Petit, Le Gers, Paris, Académie des inscriptions et belles-lettres, coll. « Carte archéologique de la Gaule » (no 32), , 354 p. (ISBN 2-8775-4025-1). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Philippe Lauzun, « Inventaire général des piles gallo-romaines du sud-ouest de la France et plus particulièrement du département du Gers », Bulletin Monumental, Caen, Henri Delesques imprimeur-éditeur, t. LXIII,‎ , p. 5-68 (DOI 10.3406/bulmo.1898.11144).
  • Michel Labrousse, « Midi-Pyrénées », Gallia, t. XXVI, no 2,‎ , p. 540 et 545 (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Auguste-François Lièvre, Les fana ou vernemets (dits piles romaines) du sud-ouest de la Gaule, Paris, E. Thorin, , 29 p..
  • Jean de Mastron, « La pile gallo-romaine de Saint-Arailles », Bulletin de la Société archéologique du Gers,‎ , p. 125-129 (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Pierre Sillières et Georges Soukiassian, « Les piles funéraires gallo-romaines du sud-ouest de la France : état des recherches », Supplément à la Revue archéologique du Centre de la France, no 6 « Monde des morts, monde des vivants en Gaule rurale, Actes du Colloque ARCHEA/AGER (Orléans, 7-9 février 1992) »,‎ , p. 299-306 (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]